Pour qu’il reste beau et se développe correctement, le bonsaï a besoin d’être rempoter régulièrement.
Le rempotage d’un bonsaï est une technique indispensable pour garder un bonsai toute l’année en bonne santé sur le long terme.
Pourquoi rempoter son bonsaï
Comme toutes plantes, les bonsaï grandissent en surface mais aussi sous terre. Leur système racinaire se développe et leur apporte nutriments et eau nécessaires à leur évolution. D’année en année, le nombre de racines se multiplie afin de puiser l’eau et les nutriments contenus dans le substrat.
Les arbres et arbustes vivant en pot disposent d’un espace limité. Lorsque un bonsaï grandit en pot, ses racines se développent jusqu’à occuper la totalité de l’espace; empêchant le développement de nouvelles racines (radicelles indispensables à l’absorption des éléments nutritifs) et détériorant la structure du substrat.
Un bonsaï qui n’est pas rempoté régulièrement s’affaiblit au fil des années et risque de mourir. Il est donc essentiel, après un laps de temps variable selon la variété et l’âge du bonsaï, de procéder au rempotage pour donner de l’espace aux racines et leur permettre de se développer correctement.
Quand rempoter un bonsaï ?
Il est préférable de rempoter un bonsaï quand son substrat devient trop compact, se décompose et empêche le développement de ses racines.
Le rempotage d’un bonsaï doit se faire en moyenne tous les 3 à 5 ans selon son âge, son espèce et ses conditions de culture. Plus précisément :
- Les jeunes arbres et certaines espèces à croissance rapide ont besoin d’être rempotés fréquemment (après 1 ou 2 ans ) afin de densifier leurs racines
(Exemples : bonsaï de saule, de glycines, d’érable et de pommier)
- Les bonsaï matures ainsi que les espèces à croissance racinaire lentes peuvent être rempoter tous les 3 à 5 ans voir bien plus selon l’âge et l’espèce (Exemple: Bonsaï conifère, De pin, de mélèze etc..)
- Les plus grands bonsaï nécessitent un rempotage moins fréquent que les petits bonsaï.
Pour savoir s’il est temps de rempoter votre bonsaï plusieurs points peuvent être observés :
- En soulevant délicatement le bonsaï hors de son pot, si les racines s’enroulent autour du pain racinaire ou si elles sont visibles à l’extérieur de la motte.
- Si c’est un arbre à feuilles caduques en pot depuis 3 ans ou un conifère en pot depuis 5 ans.
- Si on constate une croissance plus lente que la normale pour la variété de notre bonsaï
- Si la motte de racines poussent hors du pot
Le rempotage d’un bonsaï n’est cependant pas systématique. Il est préférable de contrôler les racines et d’analyser attentivement la croissance de l’arbre pour décider du rempotage ou non de celui-ci. D’ailleurs, un rempotage trop fréquent pourrait avoir des effets négatifs sur le bonsaï.
Il faut également choisir la bonne saison pour rempoter son bonsaï. En règle générale, le rempotage des bonsaïs se fait idéalement au début du printemps (après les dernières gelées), avant la reprise de la croissance et quand l’arbre miniature est encore en dormance au sortir de l’hiver. Il est parfois possible de rempoter certaines espèces de bonsaï en début d’automne dans les régions au climat doux. Mais dans tous les cas, il est recommandé de ne pas rempoter en hiver et en été.
Comment rempoter un bonsaï ?
Étape 1 : choisir un pot
Rempoter un bonsaï ne veut pas forcément dire changer le pot de celui-ci. Vous pouvez tout à fait réutiliser le même pot après l’avoir nettoyé. La plupart du temps, il ne sera pas nécessaire de le changer sauf si le bonsaï a beaucoup grandi ou que vous souhaitez favoriser sa croissance.
Tandis qu’on choisira un pot plus grand pour favoriser la pousse des jeunes bonsaïs, on peut donc tout à fait rempoter un bonsaï ancien dans le même pot ou un pot de taille similaire en pratiquant une taille importante de ses racines.
En règle générale on choisira un pot d’une longueur égale au ⅔ de la hauteur du bonsaï.
Si l’arbre est plus large que haut, on choisira un pot d’une longueur égale au ⅔ de la largeur de l’arbre. Quant à la profondeur du pot, elle doit être égale à 1 à 2 fois le diamètre de la base du tronc (juste au-dessus du sol).
Concernant le design et la couleur du pot, le choix est avant tout une question de goût mais il faut garder à l’esprit que celui-ci sert à mettre en valeur l’arbre. On choisira alors une couleur qui soulignera, par exemple, les fleurs ou le feuillage de l’arbre. De même, on pourra définir si on préfère un pot vernis ou non-vernis, un pot d’une forme rectangulaire, ronde ou ovale en fonction de l’espèce et du style du bonsaï.
Le critère de choix principal du pot étant esthétique, toutes ces règles de base ne sont pas immuables et peuvent être adaptées à chaque bonsaï.
Dans tous les cas, il est indispensable de choisir un pot à fond plat (pour éviter l’accumulation d’eau risquant le pourrissement des racines) et disposant de trous de drainage pour permettre l’évacuation de l’excédent d’eau d’arrosage.
Étape 2 : choisir et préparer un substrat de rempotage
Le substrat pouvant rester plusieurs années dans le même pot, il doit être suffisamment drainant tout en retenant assez l’eau, être aéré et apporter un apport optimal en nutriments pour répondre au mieux au besoin de l’arbre.
On privilégiera des mélanges granuleux ayant une structure poreuse qu’il conviendra d’adapter selon les différentes espèces d’arbres. Dans tous les cas, il est nécessaire de laver et tamiser le substrat pour enlever poussières et éléments fins qui pourraient boucher les trous de drainage, empêchant un drainage et une aération optimal du bonsaï.
Parmi les différent types de substrat qu’il conviendra de mélanger selon les besoins particuliers de votre espèce, on peut citer :
- L’Akadama : argile volcanique rouge du Japon, c’est la star des substrats. L’Akadama retient bien l’eau et sa couleur change quand il sèche, indiquant ainsi qu’il est temps d’arroser.
- La pouzzolane : pierre de lave au pH neutre, elle possède un fort pouvoir drainant.
- La pumice : pierre ponce au pH neutre, elle possède un bon pouvoir de rétention d’eau et permet au radicelle de bien se développer.
- Le Kiryu : sable grossier de rivière japonais, c’est un bon drainant au pH légèrement acide.
- La Kanuma : terre argileuse japonaise, elle possède les même propriétés que l’Akadama mais plus acide, elle convient mieux aux espèces comme les azalées.
Lors du mélange, on peut ajouter partiellement à ces substrat minéraux, des substrats organiques comme la sphaigne du Chili et l’écorce de pin, qui favorisent le maintien des micro-organismes et aide la fixation des mycorhizes (champignons vivant en symbiose avec la plupart des arbres bonsaïs qui, pour certains, ne peuvent survivre sans l’aide de ce champignon).
Étape 3 : préparer les accessoires nécessaires au rempotage
Avant de procéder au rempotage, disposez à côté de vous tout le nécessaire :
-Le pot du bonsaï
-une griffe à racine et une spatule, nécessaires pour enlever le vieux substrat
-Le substrat pour bonsaï
-Un tamis pour débarrasser le substrat des poussières et élément trop fins
-des grilles de drainage pour les trous de drainage ainsi que du fil aluminium pour bonsaï et une pince coupe-fil pour pouvoir ancrer le bonsaï dans son pot
– des ciseaux à bonsaï et une pince à racines
-un pulvérisateur d’eau pour vaporiser les racines pendant le rempotage afin qu’elle ne se dessèchent pas
– un arrosoir pour arroser l’arbre en fin de rempotage
Étape 4 : débarrasser le bonsaï du vieux substrat
Avant d’ôter le vieux substrat, il faut dépoter le bonsaï. En inclinant légèrement le bonsaï, on peut couper le fil d’ancrage avec la pince pour pouvoir retirer délicatement le bonsaï du pot. La griffe à racine peut être utile pour débloquer l’ancien substrat des parois du pot. Pour faciliter le rempotage, il est préférable de ne pas arroser le bonsaï pendant quelques jours avant l’opération.
Une fois le bonsaï dépoté, on peut retirer l’ancien substrat. En règle générale, pour les arbres à feuilles caduques, on retire délicatement la quasi totalité du substrat et on démêle les racines à l’aide d’une griffe à racine. Pour les arbres matures et les conifères, plus sensibles, on éliminera juste le plus gros du substrat. Pour faciliter l’élimination du vieux substrat, on pourra tremper la motte dans l’eau quelques minutes.
Étape 5 : tailler les racines
La taille des racines va permettre de revigorer l’arbre et de stimuler l’apparition de nouvelles radicelles pour alimenter l’arbre. Pendant la taille, humecter régulièrement les racines pour éviter qu’elles ne se dessèchent. Pour tailler les racines on utilisera principalement des ciseaux à bonsaï et une pince à racines. En règle générale, on privilégiera la taille de grosse racines et on conservera les radicelles qui sont plus efficaces pour absorber eau et nutriments.
Pour s’aider, on peut tailler selon 2 principes rationnels :
-on taille les ⅓ de la longueur quand les racines sont fines et abondantes
-on taille une par une à quelques millimètres sous la fourche d’un radicelle quand les racines sont grosses et peu nombreuses
Étape 6 : rempoter le bonsai
Il est temps de procéder au rempotage du bonsaï.
- Nettoyer tout d’abord votre pot et fixer les grilles de drainage au-dessus de chaque trou de drainage à l’aide de fil d’aluminium.
- Placer une fine couche puis un monticule de substrat légèrement décentré par rapport au milieu du pot pour y poser le bonsaï.
- Faire passer du fil d’aluminium par les trous prévus à cet effet ou par les trous de drainage et positionner l’arbre sur le monticule pour qu’il soit surélevé par rapport au bord du pot. Étaler les racines uniformément et plier le fil d’ancrage autour de la motte pour stabiliser le bonsaï.
- Remplir le pot avec le substrat jusqu’au bord, en veillant à bien le faire pénétrer entre les racines (il est possible d’utiliser une baguette pour faciliter le travail) puis le presser en surface.
Une fois le bonsaï rempoté, il faudra l’arroser abondamment mais délicatement jusqu’à ce que l’eau coule par le fond du pot puis vaporiser d’eau le feuillage, les branches et le tronc.
Après rempotage, on gardera le bonsaï dans un endroit humide et surtout protégé du vent.
Il peut également être placé sous serres. Dès les 2 premiers mois, il faudra l’arroser modérément et éviter un apport d’engrais.